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La Wehrmacht, la fin d’un mythe / Jean Lopez 05/11/2023

Posted by Rincevent in Mes lectures.
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Une autre lecture estivale terminée, quoiqu’un peu plus rapidement. La Wehrmacht, la fin d’un mythe est un ouvrage collectif dirigé par Jean Lopez et publié en 2019 chez Perrin. Voir ici son contenu. Lire aussi cette critique ou celle-là.
9782262080037

La Wehrmacht, la fin d'un mythe / Jean Lopez

La Wehrmacht, la fin d’un mythe / Jean Lopez

C’est un choix qui relevait plus du « pif paf pouf, qu’y a-t-il de disponible avant de partir en vacances ? », mais c’était assez sympa à lire. L’ouvrage se veut une remise en question radicale de l’image qu’a laissé l’armée allemande après 1945, une image d’armée professionnelle, dotée des meilleures armes et servie par des soldats et officiers aux qualités inégalées depuis. Cette image est, comme on l’apprend, largement issue des officiers faits prisonniers dès 1945 qui, interrogés par des services de renseignement américains, ont su leur vendre ce qu’ils voulaient entendre : la Wehrmacht était professionnelle, savait s’adapter et n’a perdu que suite à plusieurs coups du sort et la mauvaise gestion des nazis avec lesquelles elle n’avait absolument rien à voir. Les contributions remontent le temps et commencent par nous présenter la genèse de l’armée allemande, dans l’armée prussienne de Frédéric II qu’il transforma et forma pour en faire une machine à vaincre. La réalité fut toutefois un peu différente de l’image que la Prusse diffusa en Europe, mais plut aux concernés eux-mêmes, qui concevaient la guerre différemment de leurs voisins. Là où les Français concevaient la guerre sur le temps long, les Prussiens puis leurs successeurs misaient sur une guerre courte, où un choc initial brutal devait culbuter les défenses et être exploité par des officiers capables d’innovation. Progressant chronologiquement, les contributions de l’ouvrage nous démontre que cette aura est largement indue, les Allemands ayant eu plus que leur part de stupidité et de mauvaise gestion. On peut évoquer l’incapacité à envisager un conflit long en URSS et à concevoir la grande résilience des Soviétiques plus terrorisés par leur propre État que par les nazis ; le décalage croissant entre la Luftwaffe et la RAF qui disposa progressivement de plus en plus d’avions là où les Allemands ne se pressaient pas à former des pilotes et finirent par envoyer directement les formateurs puis des jeunes gens par conséquent très peu formés (et donc faisant de plus en plus d’erreurs immédiatement fatales, toute comparaison avec les troupes russes en Ukraine soulignerait les similarités) ; de l’industrie allemande incapable de suivre parce qu’organisée sur un modèle ne recherchant pas l’efficacité parce que répartie entre plusieurs grands responsables du Reich plus intéressés par l’enrichissement et plaire au Führer que résoudre les problèmes, etc. Faisant initialement jeu égal avec les puissances occidentales, l’Allemagne s’enlisa en Russie et en Afrique sans se rendre compte que les puissances industrielles américaine et soviétique (les États-Unis venant également au secours de l’URSS) généraient plus de matériels et formaient plus d’hommes. Là où les Allemands passaient beaucoup trop de temps à développer des matériels de pointe pas forcément adaptés aux circonstances et négligeant les besoins prioritaires les plus élémentaires (logistiques, notamment : pas assez de trains, de camions, de pneus, de ravitaillement d’une manière générale) ; ses adversaires commencèrent de très bas, touchèrent presque le fond pour les Soviétiques, mais développèrent une vision plus détaillée de la guerre – non sans erreurs – qu’ils appliquèrent aux masses d’hommes et de matériels souvent moins recherchés mais mieux utilisés.

L’ouvrage est très intéressant, très bien illustré que ce soit en cartes, en photographies ou en infographies, parfois un peu trop technique à mon goût mais néanmoins passionnant. Vers la fin on délaisse un peu la Wehrmacht et on s’intéresse aussi un peu à la Luftwaffe et à la Kriegsmarine. Dans les bémols, je noterais surtout l’absence de sources. On comprend vite à la lecture que les contributeurs sont des gens ayant écrit pour la revue Guerres et Histoire, dont Jean Lopez est le rédacteur en chef, mais d’une part on ne sait pas exactement qui ils sont ni à quel titre ils parlent, et d’autre part même quand ils citent des historiens il n’y a quasiment aucune référence à leurs travaux. Ce que je trouve très dommage pour un bouquin qui souhaite soumettre l’image de l’armée allemande à une révision historique nécessaire.

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